top of page

Je suis trop exigeante avec moi-même, mon compagnon... et les autres !


S'il m'est arrivée très souvent d'accompagner des personnes subissant l'autorité de leur partenaire affectif, que celui-ci soit un homme ou une femme, il est plus rare de rencontrer des personnes demandant de l'aide parce qu'elles se considèrent elles-mêmes trop exigeante en couple... Suffisamment rare pour vous relater l'histoire d'une jeune femme très courageuse qui un jour a souhaité en finir avec ce tempérament qui la faisait souffrir.


Au début de notre séance, Victoire* me relate son enfance tranquille au sein d'une famille aimante. Elle est très proche de son père. Elle n'estime pas avoir à faire d'efforts pour se sentir aimée par ses parents mais décrit son père comme une personne très pudique avec ses sentiments. Cependant, il est d'une fiabilité et d'une résistance sans faille qui inspire beaucoup d'admiration à Victoire.

Victoire vit avec Benoît*, ils ont accueilli leur deuxième enfant il y a 1 an. Victoire jongle avec son travail, sa famille et sa passion pour la photographie. Elle mène tout avec brio et son entourage la considère comme infatigable. Pourtant, elle est épuisée, se sent angoissée de plus en plus souvent et de plus en plus intensément. Le moindre échec, la moindre erreur qui pourrait survenir au cours de la journée la fait paniquer et basculer dans une spirale de dévalorisation dont elle a du mal à sortir. Elle se décrit comme une femme forte et estime devoir être exigeante avec elle-même, quitte à peu s'écouter.

Parallèlement, elle tolère de moins en moins que son compagnon exprime son besoin de repos et ne se sente pas toujours en capacité de "tout mener de front". Cela engendre une ambiance électrique à la maison avec des disputes qui deviennent fréquentes.


Après lecture intuitive, il semble que dans la lignée féminine de Victoire aient existé plusieurs générations de femmes ayant dû plier sous la pression du patriarcat, ce qui est plutôt commun à beaucoup d'entre nous.

Il semble par ailleurs que se soit formée chez certaines d'entre elles la croyance que pour être entendue, reconnue et respectée, une femme doit être "au moins aussi forte qu'un homme". Il s'agit là d'un programme prenant place au niveau familial (ce que l'on appelle une croyance génétique), capable d'influencer très fortement la vie des générations suivantes.


  1. De cette croyance, découlent plusieurs autres croyances autour du statut de la femme qui viennent conditionner certains aspects de la vie quotidienne de Victoire, sur les plans affectif, social et professionnel :

- Seule une femme forte peut être entendue et avoir droit au respect

- Être une femme expose au risque d'être asservie voire attaquée

- Les attributs de l'archétype féminin (réceptivité, expression des émotions, passivité, vulnérabilité) sont sans valeur et sont à proscrire si l'on souhaite être respectée


En effet, Victoire reconnaît que "comme son papa", elle ne montre jamais ses émotions ni sa fatigue, n'exprime pas ses besoins d'écoute ou de repos, et adopte parfois un comportement de sauveuse voire d'héroïne qui la piège dans l'obligation d'être toujours "celle qui tient bon", celle qui ne ploie jamais sous la pression et vers laquelle tout le monde se tourne en cas de difficulté.

Ce rôle dans lequel elle s'enferme la rassure (elle est respectée) et l'insécurise à la fois (elle s'y épuise).

De cet épuisement naît une colère réprimée (difficilement exprimable car exprimer ses émotions est une faiblesse, cf croyances précédentes), tournée notamment vers son compagnon, qui lui est totalement à l'aise avec l'expression de ses besoins et de ses zones de vulnérabilité.

Ce qui vient confirmer et mettre à jour :


2. Les croyances de Victoire concernant un idéal masculin marqué par la figure paternelle :


- Un homme doit nier ses besoins

- Un homme doit être fiable en toute circonstances

- Un homme doit cacher sa vulnérabilité et ses émotions


Si l'on résume la situation de Victoire, nous avons une femme dont les programmes inconscients exigent de l'homme qu'il soit infaillible et de la femme qu'elle soit comme un homme si elle souhaite être respectée et avoir de la valeur.

Autrement dit :

"Je dois être aussi forte qu'un homme, et être aussi forte qu'un homme c'est être aussi infaillible que mon père".


Cela laisse imaginer le niveau de pression que Victoire s'inflige au quotidien pour être entendue et se sentir valable en tant que femme, la dévalorisation qui survient lorsque Victoire n'atteint pas le niveau d'excellence qu'elle exige d'elle-même.

Cela laisse aussi imaginer l'insatisfaction qu'elle éprouve vis à vis d'un compagnon présentant les caractéristiques inverses de son idéal masculin.



Voici donc le travail effectué en séance avec Victoire :


- Redéfinition des notions de "succès" et d'"échecs"


- Libération des émotions désagréables liées à l'impression d'être en échec ou en défaillance


- Libération des émotions désagréables générées par :